Un tournoi de Football pour Enfants

Buterere, Burundi, le 22 Mai 2007

David a 5 ans et il habite le quartier de Buterere, à quelques kilomètres de Bujumbura. Chaque matin il se réveille et se rend en ville à pieds avec sa petite sœur Elisa pour mendier un peu d’argent. Il lui arrive aussi de dormir dans la rue à Buja, lorsqu’il est trop tard pour rentrer. D’autres n’ont pas la chance qu’il a, d’avoir une maison et une mère.
Chaque fois que l’on se rencontre, après nous être salués, il me lance son habituel : « Nasikia njaa sana », j’ai très faim en kiswahili. De temps à autre, je lui offre un verre de lait et c’est l’attroupement. Tous les enfants des rues aux alentours accourent et le nombre de verres de lait à distribuer décuple. Jour après jour, la scène se répète et me laisse perplexe sur l’avenir de ces petits « bouts de choux ».
Le hasard veut que je rencontre Stéphanie et Mervyn et qu’ensemble nous décidions d’organiser un tournoi de foot pour filles et garçons. Mervyn est éducateur sportif et a déjà organisé ce genre d’événement. Stéphanie travaille aussi comme éducatrice au Centre Jeunes de Kamenge. En quelques minutes nous définissons les grandes lignes du tournoi : participation, financement, date, lieu, etc. Le lendemain, nous nous rencontrons au Cayor, petit restaurant au centre-ville pour la distribution des tâches. Les enfants sont là aussi et nous leur donnons rendez vous l’après-midi pour participer aux entraînements qui se tiendrons tous les jours de 16h30 à 18h.Une cinquantaine d’enfants viennent au premier entraînement. La fondation STAMM amène 20 enfants encadrés par deux animateurs. Les autres bambins sont des enfants de la rue mélangés à d’autres enfants venus des quartiers avoisinants. Mais le nombre des enfants venus participer aux entraînements ne cesse d’augmenter. Quelques amis burundais travaillant en milieu associatif viennent nous prêter main forte. Nous sommes très vite obligés de ne donner les entraînements qu’aux plus petits. Les plus grands restent au bord du terrain. Mervyn a une idée géniale, responsabiliser ces grands et les faire participer en temps qu’entraîneurs, arbitres, porteurs de ballons... Les enfants s’exécutent de façon tout a fait responsable et volontaire. Tout ce qu’il veulent, c’est participer. Le jour du tournoi, David n’est pas la, mais 140 enfants répondent à l’invitation et viennent ainsi former 14 équipes de 9 à 10 joueurs réparties en 4 poules. Chaque équipe a choisi son nom et son capitaine. Sur une moitié de terrain, nous constituons 4 petits terrains avec des chaises. Ce dernier à 10h30 les matches commencent enfin, et à tout moment les équipes sont encouragées par les autres enfants qui ne jouent pas et attendent leur prochain match. Les arbitres, à peine plus grands que leurs cadets font la loi sur le terrain et sont respectés par les plus petits.
Ils sont tous fiers avec leur sifflet au-tour du cou et leur casquette à l'emblème du programme VNU. En finale, le Brésil, équipe constituée par des enfants de la rue fait match nul avec SOS. Après la finale, tous les joueurs sont réunis devant la buvette pour la remise des cadeaux effectuée par Alexandra Castillo, Chargée de programme VNU. Lorsqu’ Alejandra remet les trois coupes de finalistes ainsi que les autres prix, on a pu lire toute la joie et la satisfaction sur le visage des enfants.Le soir, nous faisons le bilan. Il s’agissait pour nous d’essayer de transmettre et développer certaines valeurs liées à la pratique des sports en équipe : Respect du collectif, Confiance en soi et en l’autre, Ecoute, Volontariat… Tout au long des entraînements et du tournoi, les enfants ont été encadrés, responsabilisés et sensibilisés au respect des règles imposées par la compétition et ils s’en sont très bien sortis. Mais tout de même, nous restons perplexes. Pendant le tournoi et les entraînements, ces enfant n’ont rien mendié et donc rien ramené à leurs parents.
Peut-être ont-ils été battus par leurs parents à cause de cela. Comme quoi, une bonne action peut en cacher une mauvaise… Sans doute David n’a-il pu participer au tournoi parce que sa mère l’a exigé, et ce afin qu’il puisse continuer à contribuer aux revenus de la famille. En tout cas, le bilan reste très positif. Ces enfants en manque d’affection ont, pour la durée du tournoi, retenu l’attention des organisateurs, moniteurs, spectateurs et autres participants. La main sur le cœur, ils ont chanté leur hymne national. Les yeux rivés sur eux, d’autres enfants les ont applaudis et admirés. Tout ce que ces enfants demandent dans le fond, c’est un peu d’attention et ils en ont eue l’espace de ce tournoi.

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