Le HCR institue une aide financière aux rapatriés Burundais de Tanzanie

Ruyigi, Burundi, le 11 Juillet 2007


Ce mercredi 11 Juillet, le centre de transit de Nyabitare en province de Ruyigi était inhabituellement bondé. En effet, 248 réfugiés transitaient par le centre, alors que ce nombre ne dépassait pas la cinquantaine en début de semaine dernière. Cette nette progression s’explique par l’institution d’une aide financière de 50.000 FBU par personne visant à encourager le retour au pays des quelques 153 000 réfugiés burundais qui vivent dans les camps au Nord- Ouest de la Tanzanie.
Cette mesure instituée par le HCR vient répondre à la demande du Gouvernement Tanzanien formulée au mois de juin de voir plus de réfugiés revenir chez eux, surtout après les améliorations observées ces derniers mois au niveau de la sécurité.
C’est d’ailleurs ces progrès que les rapatriés semblent mettre en avant comme raison principale de leur retour. Jean, 44 ans, père de 5 enfants de 1 à 17 ans s’est décidé à revenir car il a appris que «la paix était totale au Burundi». Ces nouvelles lui sont parvenues par la radio. Comme lui, beaucoup de Burundais en exil en Tanzanie à l’écoute de la Radio burundaise (RTNB), Bonesha FM, Isanganiro, etc. ont suivi l’annonce du cessez-le-feu suite aux accords de Dar-es-Salam. Avec toutes les améliorations qui ont suivi, ils ont décidé de se mettre sur le chemin du retour. Jean se dit satisfait par cette aide de 50000 FBU : «En fuyant le pays, on a énormément perdu, on nous a pillé nos chèvres et nos biens. Dans les camps on n’avait rien, on ne pouvait même pas travailler et donc acquérir des biens», dit-il d’un air agacé avant de continuer : «Je remercie le HCR qui a introduit cette assistance, qui nous permettra de reconstruire notre maison et de remplacer la chèvre volée et les autres biens ».
Cette aide de 50.000 francs vient s’ajouter au paquet retour auquel ont droit les rapatriés. Il s’agit d’une assistance en vivres et non vivres dont la quantité varie suivant la taille de la famille : draps de lit, couvertures, nattes, bidons, ustensiles de cuisine, pagnes et houes. Pour ce qui est des vivres, chaque réfugié reçoit une ration de survie comprenant maïs, riz, petits pois, haricots, huile sel et sucre. Cette ration de survie distribuée par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) est depuis peu passée de 3 à 4 mois.
Jafet, 18 ans, attend patiemment son tour pour recevoir son paquet retour. En arrivant au centre il se fait photographier et commence les premières démarches afin d’obtenir sa carte d’identité nationale qui lui permettra de bénéficier des services administratifs burundais. Jaffet passe ensuite par un poste d’enregistrement pour obtenir une attestation de reconnaissance lui donnant accès aux services sociaux de base. Une fois reçu son paquet retour, il pourra passer au comptoir de la COOPEC pour toucher la première tranche de 10.000 FBU. Cette somme devrait lui permettre de régler ses frais de transport. Les 40.000 FBU suivant, Jafet les touchera dans les jours qui suivent au poste COOPEC le plus proche de sa colline de résidence. « Avec cet argent, j’aimerais reprendre mes études », dit-il.
Isidore, père de 6 enfants, pense que la mesure sera très utile: « pour une famille nombreuse comme la nôtre, il est difficile de se réintégrer dans la vie de tous les jours.» Isidore aurait cependant préféré qu’on lui donne l’argent en une fois : « j’aurais pu acheter ce dont on a besoin tout de suite ». Cette mesure prise par le HCR de débourser cette aide en deux tranches vise à éviter les vols, surtout durant la phase délicate de rapatriement. « A mon arrivée, je suis sûr de pouvoir compter sur la générosité de nos voisins afin qu’ils me prêtent quatre perches pour que je puisse y poser une bâche».
L’aide financière apportée aux rapatries n’est d’ailleurs pas une nouveauté, puisqu’elle a déjà servi plusieurs pays. Elle a pour but de soutenir les réfugiés dans leurs choix en facilitant le retour spontané à leur terre d’origine. Dans un pays en conflit comme le Pakistan, ce programme, lancé en 1992, a facilité le retour volontaire de 1 à 1,5 millions d’Afghans réfugiés au Pakistan.

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